Tous les sportifs, qu’ils soient athlètes de haut niveau, pratiquants confirmés, amateurs ou même occasionnels sont confrontés à cette désagréable épreuve : la blessure. Les blessures peuvent prendre de nombreuses formes et interviennent ponctuellement dans la vie du sportif. En comprenant leurs mécanismes, en sachant quoi faire au moment où elles apparaissent et en connaissant le protocole à suivre, tout devient plus facile à gérer. Voyage au cœur des blessures, attention, départ imminent.
COMPRENDRE CE QU’EST UNE BLESSURE
Les blessures font partie intégrante de la vie du sportif, personne n’est épargné. Même s’il existe des disparités entre différents profils de sportifs, qui se blesseront plus ou moins au cours de leur vie, tout le monde fera cette douloureuse expérience.
Le terme « blessure » regroupe toutes les anomalies provoquant une douleur et une diminution du niveau fonctionnel de la zone touchée. Ces anomalies peuvent être dues à une sur-sollicitation, un déséquilibre, un choc, un disfonctionnement… Les causes sont très nombreuses. Il existe cependant différents degrés de gravité dans les blessures, de la simple contusion en allant jusqu’à la rupture ligamentaire, elles peuvent être avec ou sans lésions anatomiques.
Les blessures sont associées à la douleur, qui est un mécanisme de protection de l’organisme face à une sollicitation trop forte ou inappropriée. Dans le cas d’une pratique sportive trop intense et inadaptée, elles relèvent donc d’un phénomène de survie et de sauvegarde de notre intégrité physique. Dans le cas d’un accident, d’un choc, ou d’un mouvement violent, elles correspondent aux dégâts causés par le geste ou la situation exceptionnelle.
La gravité de la blessure et surtout son évolution et les conséquences qui en suivront sont en grande partie conditionnées par notre comportement et nos agissements face à elles. On dit toujours qu’une blessure « avertit » avant d’arriver. En effet, un grand nombre de lésions pourrait être évité avec une meilleure écoute de soi. Une petite douleur au tendon d’Achille pendant la course, un point douloureux dans le dos pendant une séance de musculation, un état de fatigue et de lassitude passager sont autant de signaux d’alarmes dont il faut tenir compte pour éviter la blessure.
Le respect de la règle de la non-douleur reste le moyen le plus efficace pour prévenir les blessures (voir article dédié).
Mais dans le feu de la passion et de l’action, rares sont ceux, à tort, qui seront à l’écoute de leur organisme.
Une fois la douleur présente et la blessure installée, il faut maintenant la traiter, la soigner et récupérer. Mais à ce moment-là, c’est souvent le chaos dans la tête des sportifs, on ne sait pas quoi faire, on est contrarié, on manque d’informations, on ne sait absolument pas ce qu’on a… Et du coup, on ne fait rien ! On rentre chez soi, on attend, on s’octroie quelques jours de repos puis on recommence, puis on se refait mal et la douleur est encore plus forte. Ce scénario vous rappelle quelque chose ?
En cas de blessure, il faut avoir un protocole précis à suivre. Une blessure ne doit jamais être négligée, elle doit être prise en compte en temps réel, plus le diagnostic et les soins seront administrés rapidement, plus la guérison sera rapide.
Avant d’aborder spécifiquement les cinq blessures les plus courantes du sportif, observons ensemble le protocole à suivre, pour toutes les blessures :
On a souvent tendance à zapper la phase numéro 3 et à ne pas prendre rendez-vous chez le médecin. Or, c’est la première chose à faire en sortant de l’entraînement !
Les sportifs confirmés ont tendance à s’auto-diagnostiquer ou à relativiser la blessure, ce qui se solde souvent par une rechute suivie d’un appel de détresse chez le médecin avec un combat acharné et sanguinaire contre la secrétaire qui ne vous trouve pas une place avant dix jours !
Si vous aviez anticipé, vous n’en seriez pas là. La secrétaire du médecin n’aurait pas à subir votre colère et pourrait tranquillement rentrez chez elle le soir venu sans envisager sa future dépression.
D’autre part, vous êtes parfaitement en droit d’annuler votre rendez-vous si, toutefois, il s’agissait d’une fausse alerte, cela fera même le bonheur du patient qui appellera derrière vous et qui se verra accorder, comme par magie, un rendez-vous pour le lendemain.
Le dicton paraît un peu vieux jeu mais il s’applique parfaitement aux blessures du sportif : « il vaut mieux prévenir que guérir ».
1) LES LÉSIONS MUSCULAIRES
Elles représentent la moitié des blessures émanant de la population sportive.
On peut distinguer deux types de lésions musculaires :
– Les pathologies musculaires avec lésions anatomiques : correspondent à une atteinte plus ou moins poussée du tissu musculaire.
– Les pathologies musculaires sans lésion anatomique : correspondent à des douleurs dues à une sur-sollicitation des muscles.
Que faire en cas de contrainte musculaire avec de potentielles lésions anatomiques ?
- Arrêt immédiat de l’effort
- Glaçage
- Compression de quelques minutes en cas d’hématome
A ne surtout pas faire :
- Continuer ou reprendre l’effort
- Masser au niveau de la lésion
- Etirer le muscle
- Prendre de l’aspirine
- Mettre du chaud
Le traitement après diagnostic :
- Repos
- Kinésithérapie : ultrasons, étirements, renforcement musculaire spécifique et progressif, électrostimulation
2) LES ENTORSES
Les entorses, ou lésions articulaires, regroupent les atteintes plus ou moins graves des éléments qui assurent la stabilité passive de l’articulation, principalement les ligaments.
Les entorses se produisent dans des mouvements brusques où l’amplitude dépasse la capacité de mouvement des articulations. Les entorses peuvent aussi être causées par des traumatismes ou des luxations.
On distingue trois stades d’entorse :
– Stade 1 / Entorse bénigne : Légère élongation ligamentaire.
– Stade 2 / Entorse moyenne : Déchirure ligamentaire partielle.
– Stade 3 / Entorse grave : Rupture ligamentaire.
L’apparition d’un œdème plus ou moins important accompagne les entorses. Les œdèmes sont des gonflements d’un organe, d’un tissu ou, en l’occurrence, d’une articulation en réponse à une anomalie. Un œdème est constitué de liquide (plasma), et ne doit pas être confondu avec l’hématome, qui lui est un amas de sang consécutif à une hémorragie.
Que faire en cas d’entorses ?
- Arrêt immédiat de l’effort
- Glaçage et compression de l’articulation
- Mise en décharge de l’articulation (avec béquille pour le membre inférieur) dans une durée relative à la gravité de l’entorse.
A ne surtout pas faire :
- Continuer l’effort
Le traitement après diagnostic :
- Repos
- Anti-inflammatoire en application locale (Voltarène gel)
- Kinésithérapie : ultrasons, proprioception, renforcement articulaire spécifique et progressif.
- Chirurgie en cas de rupture ligamentaire.
3) LES TENDINITES
La tendinite est une inflammation du tendon. Cette inflammation peut atteindre le corps du tendon ou son insertion sur l’os (enthèse).
Il existe deux types de tendinites :
– Les tendinites post-traumatiques : inflammation du tendon consécutive à un traumatisme, un choc direct ou une chute.
– Les tendinites d’installation progressive : inflammation faisant suite à des micro-traumatismes répétés.
Plusieurs causes sont à l’origine des tendinites :
- sur-sollicitation des muscles, surentraînement, surcharges de travail
- déshydratation
- matériel non adapté (raquette trop lourde, mauvaises chaussures de course…)
- changement brutal de conditions d’entraînement (sol, terrain, matériel, climat…)
- fatigue
- manque de souplesse
- usure naturelle des tendons
On distingue trois stades de tendinites :
– Stade 1 : La douleur apparaît pendant ou après l’effort mais ne l’empêche pas. Pas de sensation dans la vie quotidienne.
– Stade 2 : La douleur est présente au début de l’effort, puis disparaît à chaud, et réapparaît après lors du repos. Le tendon est sensible à la palpation et au niveau de ses insertions.
– Stade 3 : La douleur est quasi-permanente, même dans la vie quotidienne, la pratique du sport est impossible. Le tendon est douloureux avec un point très sensible. L’étirement est douloureux.
Que faire en cas de tendinite ?
- Arrêt immédiat de l’effort
- Glaçage
- Mise au repos du tendon selon la gravité de la lésion
A ne surtout pas faire :
- Reprendre l’effort et s’entraîner avec un tendon fragile
Le traitement après diagnostic :
- Repos
- Prise éventuelle d’anti-inflammatoires en application locale et par voie orale.
- Kinésithérapie : ultrasons, MTP (massage transversal profond), ondes de choc, étirements, renforcement musculaire excentrique (protocole Stanish).
- Mésothérapie (injection d’anti-inflammatoires directement dans le tendon).
La rupture tendineuse correspond à une rupture d’un groupe de fibres tendineuses, elle peut être totale ou partielle. Elle survient toujours sur un tendon fatigué et après une contraction violente. La chirurgie permettra de reconstituer le tendon rompu.
4) LES LÉSIONS OSSEUSES
Les contusions osseuses sont dues à une percussion directe entre un agent extérieur et une partie osseuse de l’organisme, qui intervient principalement lors d’une chute ou d’un coup dans les sports d’impact (boxe, karaté, rugby…).
Chez le sportif, on distingue plusieurs types de lésions osseuses :
– La fêlure : L’os est fissuré mais garde sa structure.
– La fracture de fatigue : L’os se fissure ou se casse progressivement suite à des micro-traumatismes répétés.
– L’arrachement osseux : Lors d’un traumatisme, un tendon ou un ligament s’arrache et entraîne avec lui un petit morceau d’os. La lésion est assimilée à une entorse grave qui relève parfois d’une réparation chirurgicale.
– La fracture post-traumatique : L’os est cassé suite à un choc direct.
– La fracture déplacée : Les deux parties de l’os cassé se sont éloignées l’une de l’autre. La fracture est dite instable.
– La fracture ouverte : L’os brisé fait effraction à travers la peau, il s’extériorise.
Que faire en cas de lésion osseuse ?
- Arrêt immédiat de l’effort
- Glaçage
- Immobilisation de la zone touchée
A ne surtout pas faire :
- Bouger la région douloureuse
Le traitement après diagnostic :
- Immobilisation de la zone avec un plâtre, une résine ou une attelle (6 semaines pour une fracture).
- Chirurgie dans le cas de fractures ouvertes et de certaines fractures déplacées.
- Prise d’antalgiques pour la douleur.
- Après retrait du plâtre : Kinésithérapie : étirements, renforcement musculaire, électrostimulation ; pour lutter contre la raideur installée et la fonte musculaire.
Certaines fractures ne peuvent pas être immobilisées comme la fracture des côtes, dans ce cas, une période de repos contraignante et douloureuse sera de mise.
5) LES LUXATIONS
La luxation correspond à un déboîtement articulaire, c’est-à-dire une perte totale de contact des surfaces articulaires d’une articulation, qui survient lors d’un traumatisme, d’un mouvement de très forte amplitude ou d’une sollicitation extérieure d’un membre (clé de bras).
La luxation entraîne une très forte douleur et une impotence totale de la zone touchée. L’articulation doit être « remise en place » rapidement par manœuvre ou par opération.
On parle de sub-luxation quand la gravité est moindre et que la perte de contact des surfaces articulaires n’est pas totale.
Certains profils de sportifs sont plus exposés aux luxations en raison d’une trop grande élasticité des ligaments. On parle alors de personnes « hyperlaxes ».
Conséquences potentielles d’une luxation :
- Entorses et ruptures ligamentaires
- Pincement d’un nerf ou de vaisseau sanguin
- Epanchement de synovie (gonflement de l’articulation)
- Atteinte des ménisques (fissures)
- Arrachement osseux
- Fêlure osseuse
Que faire en cas de luxation ?
- Arrêt immédiat de l’effort
- Immobilisation de la zone touchée
- Appeler un médecin ou aller aux urgences
A ne surtout pas faire :
- Bouger l’articulation et même se déplacer
- Tenter de se remettre l’articulation tout seul
Le traitement après diagnostic :
- Réduction de l’articulation
- Immobilisation de l’articulation
- Prise d’antalgiques pour la douleur
- Chirurgie en cas de rupture ligamentaire ou d’arrachement osseux grave
CONCLUSION
Les informations exposées dans cet article représentent le « B.A BA » de la traumatologie et de la médecine du sport, science qui ne cesse de se développer, offrant aux sportifs des solutions de plus en plus nombreuses et novatrices pour gérer les blessures.
Dans le cadre de votre quotidien, la compréhension des blessures permettra une prise en charge plus rapide et une diminution de stress et d’inquiétude.
Dans tous les cas de figure, la connaissance des éléments exposés dans cet article ne vous dispense en aucun cas d’un diagnostic établi par un médecin du sport.
C’est le respect du protocole de base qui vous permettra de traiter efficacement votre blessure et ainsi de revenir rapidement à votre activité sportive.
La pratique du sport nous amène à nous blesser et à fréquenter les cabinets médicaux bien plus que les sédentaires, c’est un fait. Et il n’y a aucune honte à cela, ce n’est pas parce qu’on va chez le médecin pour une tendinite que l’on est une « chochotte » ! Arrêtons avec ce cliché.
Et si vous vous souciez du déficit de la sécurité sociale, je vous suggère d’analyser toutes les charges que vous payez au quotidien et de relire votre feuille d’impôt pour vous déculpabiliser, vous verrez, effet immédiat garanti !
Références : Le sport l’esprit tranquille. La prévention, les soins et la récupération – Christophe Geoffroy – Édition sport