L’esprit des samouraïs : une inspiration pour l’entreprise

arts martiaux entreprise

 

Que se cache derrière cet intitulé mystique « l’esprit des samouraïs » ? La réponse se dessine certainement au terme d’un voyage qui en passionnera plus d’un, tant cet univers paraît fascinant. Tout le monde est interpelé par le mot « combat », au sens noble et animal du terme, encore plus lorsque qu’il est structuré dans une doctrine spirituelle. C’est pourquoi la découverte de l’esprit guerrier samouraï est une quête susceptible de nous toucher au plus profond de nous même. Après avoir éclairci cette notion, je m‘attaquerai (sans porter de coup bien sur) à démontrer que l’entreprise pourrait retirer des bénéfices à s’intéresser de plus près à ce sujet. Prêt pour ce voyage initiatique ? Lecture « zen » recommandée. 

 

Le samouraï : guerrier légendaire

Les arts martiaux sont nés en Chine au Ve siècle, plus précisément au monastère de Shaolin sous l’impulsion d’un moine bouddhiste qui sera le premier à enseigner des techniques de combat : Bodhidharma. Ces techniques donneront naissance au kung fu qui est donc l’ancêtre des arts martiaux. C’est la diaspora des moines qui va permettre la diffusion dans toute la Chine, puis dans tout le sud-est asiatique, des techniques de combat qui donneront naissance à l’ensemble des arts martiaux connus à ce jour.

La partie de l’Histoire de la longue épopée des arts martiaux qui va nous intéresser aujourd’hui est ma préférée : celle du Japon féodal et de la caste guerrière des samouraïs, qui s’étala du XIIe au XIXe siècle.

Les samouraïs suscitent encore aujourd’hui une immense fascination. Dans l’imaginaire des gens, ils sont symboles de force, de courage et de droiture. Mais qui sont-ils vraiment ?

Au départ, les samouraïs étaient des guerriers appartenant à la classe militaire au service de la cour impériale.  Par la suite, le nom fut donné à tous les guerriers professionnels d’un certain rang, respectant une certaine éthique et servant les grands seigneurs.  Pendant des siècles, au Japon, le samouraï a été placé au dessus du commun, comme le modèle des vertus, notamment de bravoure, d’abnégation et de fidélité.

Formé et éduqué de manière drastique depuis l’enfance, le samouraï consacrait sa vie à l’entraînement et à la maîtrise des arts de combat japonais : le kenjutsu (sabre), le kyujutsu (tir à l’arc), le jujutsu (corps à corps) etc… . Il devenait un redoutable guerrier jouissant d’une maîtrise chirurgicale des arts martiaux et notamment du sabre, sa principale arme de combat.

En temps de guerre, lorsque le samouraï se retrouvait sur le champ de bataille, il combattait avec acharnement et était prêt à donner sa vie sans hésiter une seule fraction de seconde pour l’honneur de son clan.

Mais jusque là me direz-vous, rien de bien différent en comparaison avec ce qui se passait tout près d’ici, lorsque qu’on regarde en arrière vers nos valeureux chevaliers moyenâgeux, munis d’armures et d’épées, chevauchant les plaines du royaume de Bourgogne.

En fait, la grande caractéristique des samouraïs réside dans le fait que leur vie était dirigée par un code de conduite, une ligne spirituelle ; on parle alors de l’éthique des samouraïs. Les deux principaux ouvrages anthologiques qui retranscrivent avec fidélité cet éthique étant le BUSHIDO et l’AGAKURE.

Les choses commencent à devenir plus claires, mais que racontent donc ces écrits rédigés par des samouraïs du XVIIIe siècle ?

 

Le BUSHIDO : l’âme du Japon

Ces deux ouvrages sont absolument sublimes. Pratiquant d’arts martiaux et en quête de réponse en matière de philosophie martiale, je dirais que la lecture de ces textes a représenté pour moi une forme d’éveil spirituel.

Le bushido exalte un certain nombre de vertus qui constituent le socle éthique des samouraïs :

  • La rectitude
  • La justice
  • Le courage
  • La maîtrise de soi
  • La bienveillance
  • La politesse
  • La compassion
  • La vérité
  • La sincérité
  • L’honneur
  • La loyauté

A la simple lecture de ces termes, on se sent plus grand, plus noble, plus fort. Les samouraïs ont sans doute porté ces notions plus haut qu’aucun être humain et aucune civilisation dans le monde. Le non-respect de ces principes allant même jusqu’au suicide par décapitation : le rituel du « seppuku », qui donnera naissance plus tard au suicide japonais par éventration « hara kiri ».

Extrait du Bushido : « La rectitude est cet os qui nous maintient ferme et droit. Sans l’os, la tête ne peut tenir au sommet de l’épine dorsale, ni les mains bouger, ni les pieds nous maintenir debout. Sans la rectitude, aucun talent, aucun savoir ne peuvent faire d’un corps humain un véritable samouraï, avec elle, l’absence de don n’est rien. »

Le deuxième ouvrage, moins connu, définissant l’éthique du samouraï est l’hagakure. Il s’agit là aussi d’un livre d’une beauté et d’une poésie remarquable ponctué de paraboles philosophiques. La relation à la mort étant un des thèmes phare de l’ouvrage.

La question de la mort est une réflexion qui était très avancée chez les samouraïs. La lecture de l’hagakure m’a illuminé.

Extrait de l’hagakure : « Il y a beaucoup à apprendre de la pluie. Un homme, lorsqu’il est surpris par une ondée soudaine, se met à courir, aussi soudainement, pour éviter d’être mouillé. Pourtant, tout bien considéré, comme il est inévitable de se faire mouiller par la pluie, autant garder son calme et poursuivre son chemin, l’esprit en paix, puisque de toute façon vous finirez trempé jusqu’aux os. Cette leçon de vie s’applique à toute chose. »

En 1999, le film américain « Ghost Dog » traite avec grande justesse les textes et l’esprit de l’hagakure à travers l’histoire du personnage principal interprété par Forest Whitaker. Pour fermer cette « parenthèse cinéma », sachez que le film grand public « Kill Bill » de Quentin Tarantino est aussi une véritable mine d’or en terme de références pointues à l’esprit guerrier samouraï !

En plus du respect strict de cette éthique et de toutes ses règles de conduite, les samouraïs étaient aussi bercés par la spiritualité religieuse à travers le bouddhisme zen, le shintoïsme et quelques influences de confucianisme. C’est dire si la spiritualité était une chose marquée dans leur mode de vie.

Le samouraï était également adepte d’un « art de vivre » dans lequel l’art tenait une place importante ; les guerriers s’adonnaient à la poésie, à la lecture, à la calligraphie… La quête du développement de l’esprit à travers la spiritualité et l’art, venait en complément à celui du corps. Le corps et l’esprit sont indissociables dans l’esprit des arts martiaux.

On retrouvera cette idée de symbiose du corps et de d’esprit à travers l’art dans l’esprit olympique rénové par Pierre de Coubertin à la fin du XIXe siècle. En effet, Coubertin voulait intégrer au programme olympique des épreuves artistiques ! En outre, il était contre le professionnalisme dans le sport, considérant qu’un individu qui consacrait la totalité de son temps au développement de ses capacités physiques au détriment de ses capacités intellectuelles était un être incomplet. C’est d’ailleurs dans cette conviction qu’en 2012, j’ai proposé à la fédération française de karaté de venir animer bénévolement des conférences sur l’Histoire des arts martiaux aux jeunes pendants les stages en Equipe de France. Ma demande a été rejetée ; il est préférable que les athlètes se reposent en jouant à la playstation, suis-je bête !

En somme, les samouraïs étaient des êtres totalement dévoués à leur formation martiale, tant d’un point de vu physique et technique que spirituel et intellectuel. Ils demeuraient toute leur vie dans la quête de l’excellence. Ils vivaient dans une discipline de chaque instant et étaient prêts à mourir si leur honneur se voyait sali, ne serait-ce que l’espace d’une seconde.

Miyamoto Musashi (XVIe siècle) est le plus célèbre et le plus grand samouraï de l’Histoire, invaincu toute sa vie durant.  Il a écrit un classique de la littérature universelle, un des plus grands ouvrages relatant l’esprit des arts martiaux : le chef d’œuvre « Traité des cinq roues » dont voici deux extraits :

« Qu’il s’agisse d’un corps grand ou d’un corps petit, on doit posséder un esprit droit et il est important de conserver un esprit dégagé de tout sentiment de faiblesse vis-à-vis de soi-même. »

 « Ne frappe pas pour gagner, frappe après avoir gagné. »

 

Les samouraïs : une inspiration pour l’entreprise

Dans une certaine mesure, les samouraïs ont élevé au maximum le potentiel humain. Ils ont vécu dans une quête constante de perfection du corps et de l’esprit.

L’analyse de l’éthique des samouraïs opère une réaction positive en nous, elle nous incite à plus de maîtrise, plus de courage ; elle nous transcende. Elle remet au goût du jour des vertus galvaudées par nos sociétés modernes, mais qui n’en demeurent pas moins fondamentales comme la droiture, le respect, l’abnégation.

Après l’abolition de la caste des samouraïs en 1876, l’esprit guerrier samouraï n’a jamais cessé d’exister et continue encore aujourd’hui d’influencer le Japon moderne. Pas toujours positivement d’ailleurs, comme pendant la seconde Guerre mondiale où les kamikazes étaient endoctrinés à coup de bushido avant de monter dans les avions.

Pour prendre un exemple plus valorisant, de très nombreux grands intellectuels japonais et grands chefs d’entreprise sont descendants de samouraïs. La preuve que cette éthique de conduite est un véritable chemin vers l’excellence et pas seulement dans le cadre des arts martiaux ou de la Guerre.

Fin XIXe siècle, les samouraïs retraités ont réussi à structurer et à donner une seconde vie à leurs anciens arts de combat avec la création d’une grande réforme pédagogique ; le « budo ». Cette initiative permettra la diffusion des arts martiaux modernes dans le monde entier (judo, aïdo, kendo, aïkido, etc.…).

Comment ne pas être totalement inspiré par une telle œuvre, par tant de talent, de génie…

Nous avons tous un intérêt certain à regarder comment ces hommes ont vécu, comment ces hommes se sont battus et comment ces hommes ont pensé…

Le monde de l’entreprise est soumis à des pressions constantes, à la concurrence et au culte tyrannique de la performance. Dirigeants, managers et salariés subissent de plein fouet ces contraintes au quotidien, qui sont sources de fatigue, de lassitude et de baisse de motivation. L’étude de l’esprit des arts martiaux, via des conférences par exemple, représente une source inestimable d’inspiration et de motivation pour tous ces protagonistes.

L’esprit des arts martiaux est une véritable propagande du courage, de l’effort et de la persévérance ; autant d’éléments qui vont pleinement dans le sens de la réussite de l’entreprise.

 

Conclusion

En s’inspirant de ces guerriers, nous ravivons en nous des valeurs éteintes, nous insufflons en nous un désir de vie, de combat et de réussite. Nous redressons notre posture et redonnons de l’importance à la droiture, à la discipline de vie. Du fait de cette posture redressée, nous voyons plus haut, nous voulons aller plus loin.

La performance redevient un objectif attractif. Et les moyens pour y parvenir des clés de développement personnel et non plus des contraintes.

Dans un monde où la religion recule, il paraît fondamental de redonner à la spiritualité une place fondamentale dans nos vies, mais par un autre vecteur, en redonnant de l’importance à certaines valeurs qui peuvent alors exister loin de tout dogme religieux.

L’expression « se battre », en référence aux épreuves de la vie et du monde professionnel, prend tout son sens en étudiant la vie des samouraïs.

Ne sommes-nous pas tous des guerriers finalement ? La vie ne nous impose t’elle pas continuellement de combattre ? En admettant que oui, un guerrier bien formé techniquement et surtout armé sur le plan spirituel sera bien plus performant.

L’idée n’étant pas de devenir un samouraï, mais de nourrir une inspiration dans le but d’être plus productif (au service d’e l’entreprise) ou, dans une démarche plus personnelle ; plus vital et plus heureux.

« Lorsque son sabre est brisé au combat, l’homme doit frapper avec ses poings. Lorsque ses mains sont coupées, l’homme doit foncer sur son ennemi avec ses épaules. Lorsque ses épaules sont tranchées à leur tour, il lui reste ses dents pour mordre le cou de dix, voire quinze ennemis. Tel est le vrai courage. »

Matthieu Verneret

 

Références : Bushido, l’âme du Japon – INAZO N. – Budo Editions 1997 ; Hagakure – YAMAMOTO T. – Budo Editions 2005 ; Traité des cinq roues – MUSASHI M. – Albin Michel 1983 ; Karaté do, l’esprit guerrier – F.DIDIER – Sedirep 1988 ; Encyclopédie des arts martiaux 4ème édition – R.HABERSETZER – Amphora 2004 ; L’Ame du samourai – T.CLEARY – Editions du Rocher 2005 ; Histoires des samouraïs –R.HABERSETZER  – Budo Editions 2008

 

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Je suis coach sportif professionnel, auteur spécialisé dans le fitness, la forme et le bien-être depuis de nombreuses années. Par ailleurs, j'ai été compétiteur de haut niveau en karaté. Sur ce blog, je vous livre tous mes meilleurs conseils pour être au top de votre forme et développer tout votre potentiel.


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